Par Claire Fages
Depuis la mi-février et les troubles en Libye, puis le séisme au Japon, les cours du caoutchouc s'étaient effondrés : les investisseurs pensaient que ces événements allaient freiner l'activité de l'industrie automobile et donc feraient plonger la demande en pneumatiques... Le gouvernement thaïlandais avait même, il y a quinze jours, annoncé qu'il cessait les exportations de caoutchouc pour enrayer la chute des cours, ce qui les avait fait rebondir un peu.
Mercredi 30 mars, ce sont les événements climatiques inhabituels en Asie du Sud-Est qui ont repris les rênes de marché. Une bonne partie de la péninsule de Malacca, dans le sud de la Thaïlande, est envahie par les eaux et les coulées de boues, après une semaine de pluies diluviennes. Les routes et les voies ferrées sont coupées, certaines zones sont donc isolées du monde.
Or cette région sud est « la » région du caoutchouc, elle fournit 90% de la production thaïlandaise. Les petits planteurs ne peuvent plus acheminer le latex aux usines de transformation, dont une partie de la main d'œuvre, de toute façon, ne peut plus rejoindre son lieu de travail. Selon les autorités, 1 000 à 1 500 tonnes de caoutchouc vont manquer l'embarquement au port de Bangkok.
En tout, au cours du mois de mars, l'offre de gomme thaïlandaise aurait diminué de 20 000 tonnes, soit le dixième de la production mensuelle du pays, estime l'Association thaïlandaise du caoutchouc. Ce sont des événements climatiques similaires en Indonésie et en Malaisie, l'an dernier, qui avaient provoqué l'envolée des cours du caoutchouc depuis l'automne dernier. Cette fois il s'agit du premier producteur mondial - la Thaïlande fournit un tiers du caoutchouc de la planète.
Dans un contexte d'offre déjà déficitaire par rapport à la demande mondiale, alors que c'est la basse saison de production en Asie du Sud-Est, et qu'on est à l'aube du Festival du Nouvel An qui ralentit toute l'économie thaïlandaise à la mi-avril, les cours du caoutchouc ont toutes les chances de reprendre leur mouvement à la hausse. Mercredi, ils ont gagné 3% à la bourse de Tokyo, 2% à Shanghai, et la hausse quotidienne maximum à Bangkok pour rejoindre près de 5 dollars 50 le kilo !
RFI