Ancienne médecin chef à la prison de la Santé a visité l’hôpital de la prison de Bang Kwang

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lacaille56
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Ancienne médecin chef à la prison de la Santé a visité l’hôpital de la prison de Bang Kwang

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Ancienne médecin chef à la prison de la Santé et ardente défenseur de l’amélioration des conditions carcérales, Véronique Vasseur a visité la semaine dernière l’hôpital de la prison de Bang Kwang, situé à quelques kilomètres de Bangkok. Dans une conférence donnée à l’Alliance française jeudi, elle a raconté son expérience et son entrevue avec des officiels rattachés au ministère de la Justice considérée comme un échec

Présente jeudi soir à l’Alliance française pour parler de la réforme carcérale française lors d’une conférence, Véronique Vasseur peine à faire des comparaisons avec la situation des établissements pénitenciers en Thaïlande. "Ici, les conditions sont inhumaines", lâche-t-elle. Médecin chef à la prison de la Santé de 1993 à 2000, Véronique Vasseur s’est fait connaître médiatiquement il y a onze ans lors de la sortie d’un livre polémique, dans lequel elle racontait son expérience au sein de la maison d’arrêt parisienne. Ancienne trésorière de l’Observatoire international des Prisons (OIP), elle continue aujourd’hui sa collaboration avec l’organisme.

Un docteur pour 4.400 détenus
C’est pour son expérience et ses liens avec l’OIP que Danthong Breen, président de l’Union des Libertés civiles (UCL) qui se bat, entre autres, pour l’abolition de la peine de mort dans le pays, l’a contactée. "Il y a des signes positifs concernant la fin de ces exécutions puisque ces huit dernières années, seulement six personnes ont été tuées de la sorte, annonce ce Thaïlandais d’origine irlandaise. Mais les conditions de vie dans les prisons restent épouvantables." Avec un taux d’occupation égal à 231%, c'est à dire que le nombre d’incarcérés est plus de trois fois supérieur aux nombres de places disponibles dans les prisons, la Thaïlande se place à la huitième place des pays les plus touchés par la surpopulation carcérale. En général, les hommes se retrouvent à 43 détenus dans 48 m². Une situation encore plus pénible pour les femmes qui peuvent être une centaine dans le même espace. Si l’une d’elle part aux toilettes en pleine nuit, elle ne retrouvera plus de place pour dormir à son retour.
Interdite de discussion avec les prisonniers, Véronique Vasseur a pu tout de même visiter l’hôpital de la prison de Bang Kwang. "Un établissement rutilant sur deux étages, avec tous les appareils médicaux à la pointe de la technologie," explique-t-elle. Dans cet hôpital, un seul docteur, uniquement assisté par un détenu, a la charge des 4.400 prisonniers. Au sein de la prison de la Santé à Paris, l’équipe médicale comptait 120 personnes pour 1.200 condamnés, du temps où Véronique Vasseur y travaillait. "A l’hôpital de Bang Kwang, il y avait une vingtaine de patients, tous enchaînés, raconte-t-elle. Je garde en tête ce petit groupe de jeunes, âgés entre 20 ans et 25 ans, assis en tailleur sur un lit d’hôpital, entravés, et dont le regard était d’une tristesse infinie." "Des gens dans le coma, ou encore certaines femmes en train d’accoucher, doivent garder leurs menottes," ajoute Danthong Breen.

Pas d’amélioration prévue
Dans les jardins de l’établissement pénitentiaire, la présence d’orchidées et de nénuphars ont troublé Véronique Vasseur. "A l’intérieur, j’avais l’impression d’être dans un camp de concentration mais en voyant ces plantes dehors, j’étais presque prête à penser que Bang Kwang n’était pas si mal." Ses visites avec des officiels thaïlandais l’ont vite ramenée à la réalité. Jeudi après-midi, elle a été reçue par le Département de la Protection des Droits et Libertés, rattaché au ministère de la Justice, où les dirigeants présents lui ont dit ignorer que des prisonniers marchaient chaîne au pied à Bang Kwang. Les personnes présentes lui ont également signifié que la Thaïlande n'avait pas d'argent à investir dans les établissements pénitenciers, et qu'aucun changement n'était prévu dans un futur proche par le gouvernement.
Les prochains jours, l’ancien médecin chef à la prison de la Santé va repartir en France avec le regret de n’avoir pu voir que ce qu’on avait bien voulu lui montrer, et de ne pas avoir été écoutée par l’administration thaïlandaise. Son souhait serait que, de façon universelle, les très longues peines soient moins nombreuses car "les prisonniers, trop longtemps coupés de la vie en société, ne peuvent plus se réinsérer par manque de repères ou parce qu’ils ont appris, pendant leur séjour en prison, encore plus de choses dangereuses à faire à leur sortie". Danthong Breen va poursuivre, lui, son combat en Thaïlande même s’il dit n’espérer aucune amélioration en 2011 : "C’est une année très politique, et les conditions de vie des prisonniers ne sont clairement pas la priorité des candidats.


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