La prison en Thaïlande, un mauvais plan !!! (déjà publié)

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dreamman
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La prison en Thaïlande, un mauvais plan !!! (déjà publié)

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Source http://www.gavroche-thailande.com

Les prisons thaïlandaises comme vous ne les avez jamais vues ! Pascal P., incarcéré à la prison de haute sécurité de Klong Prem, à Bangkok, nous décrit chaque mois son quotidien : un regard sans concession sur la vie carcérale au pays du sourire.

Furoncle:

Incarcéré à Koh Samui, je souffrais, comme la majorité de mes co-détenus, de rougeurs qui me démangeaient et devenaient de petits furoncles biens purulents qui ne guérissaient jamais.
La compétence des services de santé n’était pas en cause car ils étaient inexistants: une fois par mois, un «infirmier» venait distribuer du paracétamol, remède souverain… pour tout.
La seule solution était d’acheter des cachets de pénicilline (hacen) à un surveillant qui les fournissait, ou bien voler ou mendier le remède miracle pour les indigents. Autant dire que nombreux étaient ceux qui continuaient à se gratter.
A mon arrivée à Klong Prem, j’ai (horreur !) de nouveau été atteint. Ici, on dispose d’un centre hospitalier. Il suffisait, me suis-je dit, de consulter. Pourtant, rien n’est simple. Il faut penser à écrire le vendredi pour la consultation du lundi suivant. Le matin, on se rend en troupeau à l’hôpital voisin en passant par les divers points de contrôle. Une fois parvenus dans le hall de l’hôpital, il faut s’armer de patience: on est mesuré, pesé, on nous prend la tension artérielle et la température. Pour passer le temps, on bavarde - c’est l’occasion de voir des gens de divers bâtiments - et, de temps à autres, des détenus amènent une urgence en fauteuil roulant. A tour de rôle, nous sommes individuellement interrogés par une infirmière; c’est un passage obligé car la dame est chargée d’estimer la gravité du cas. Elle choisira ensuite de présenter le patient au médecin, de faire elle-même le diagnostic ou de virer le supposé simulateur ou amateur de «cachets qui font oublier». Un filtrage, il faut l’avouer, nécessaire.
La gendarme en blouse blanche m’a, par trois fois, prescrit diverses crèmes et gélules, sans succès. Ce n’est qu’à la quatrième tentative que j’ai enfin pu rencontrer le docteur. En trois minutes, il a diagnostiqué le mal - le soleil plus l’effet de serre provoquaient ces irritations - et m’a dit que les crèmes dont je me tartinais la peau, à l’instigation des infirmières, ne pouvaient qu’aggraver le problème. Il m’a fait une belle ordonnance et j’ai eu la chance de pouvoir faire acheter les produits par une association qui visite les prisonniers. Problème résolu !
Mais que ce serait-il passé si je n’avais pas eu la chance d’être aidé par ces bénévoles ? L’adage se vérifie… mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade.
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Un jour ordinaire

J’ouvre un œil et me redresse vivement pour m’asseoir en tailleur sur ma natte. Tous les habitants de la cellule font de même, le gardien arrive et nous compte.
La chambre reprend vie, il y a la queue à l’unique toilette. Sonchai distribue à qui veut verre de Nescafé ou Ovaltine, les ventilateurs dissipent péniblement le nuage de fumée des premières cigarettes. Il est six heures. Nous attendons l’ouverture des portes en lisant, discutant, fumant.
Vers sept heures nous quittons nos cages. Je me rends au coffee shop pour acheter ma dose quotidienne de nicotine et pour ma commande (café, nourriture) pour le lendemain. Ensuite je rejoins ma maison, je prends le café, les repas. Petit déjeuner vite expédié, et varie selon les finances du moment. Puis je me rends à la douche, d’autres m’ont précédé ?
A huit heures, nous écoutons l’hymne national puis les esclaves rejoignent les ateliers. Ici on travaille gratuitement ou au mieux pour un salaire très symbolique. Comme tous les non-asiatiques, je ne suis pas astreint au travail. Il reste à occuper la journée ! Je fais à ce moment là un peu de jogging, de musculation, pendant une petite heure. Ici et là, les groupes se forment: on joue au backgammon, discute, cuisine, fait la sieste sur un relax bricolé. Je croise le «chariot» des gamelles, riz et soupe, comme chaque jour. Il doit être neuf heures. Un peu plus tard, suant et épuisé, je retourne prendre une douche, passe par le coffee shop pour m’offrir un soda et prendre livraison de la commande de la veille. Et je rejoins mes potes. Il est près de 11h30. On attend la gamelle qui ne devrait pas tarder, casse une petite croute et puis on fait sa correspondance, joue aux échecs, aux dames. On tend l’oreille car le haut parleur égrène des noms, les visites, le courrier, peut-être aujourd’hui… non. Bon, peut-être demain.
Et cahin caha, vers 15h30 après une dernière douche, nous regagnons nos cages. Là on s’occupe comme on peut. Lecture, courrier, repas, on regarde la TV (uniquement les chaines thaï…et la télé est coupée vers 22h). Le calme revient, on s’endort, à peine gêné par les flatulences des voisins, les allées et venues aux toilettes, la ronde des gardiens.
Encore quelques années à vivre à ce rythme...
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Combien de doigts?

Qu’est-ce que j’en fais maintenant ? -Vends-les ! -Pas question. J’ai payé 3000 bahts et je ne trouve personne qui m’en offre plus de 150...»
De rage, Patou balance étui et lunettes dans la poubelle la plus proche. Et pourtant, il en avait rêvé de ces «nouveaux yeux», qui devaient lui permettre de lire sans migraine.

Un mois auparavant, il avait rempli le fameux formulaire pour se rendre à la consultation «ophtalmo» de l’hôpital pénitentiaire. Dix jours plus tard, à 9 heures du matin, il s’était rendu à l’hôpital avec les 112 consultants du jour. Son tour venu, on l’avait mesuré, pesé et on lui avait pris sa tension. A 11 heures, il avait commencé à s’impatienter. Il en avait assez mais l’arrivée d’un groupe de femmes avait retenu son attention et occupé un moment! Il allait attendre jusqu’à 14h30 que le médecin daigne l’examiner.

Après avoir testé sa vue grâce à différents appareils, celui-ci lui remit une ordonnance: «Passez-la aux amis qui vous rendent visite, ils feront faire les lunettes à l’extérieur et vous les remettront à leur prochaine venue». Trois semaines plus tard, on apportait à Patou ses précieuses lunettes.

Il ne lui fallut que trois minutes pour se rendre compte qu’il y avait un problème. Outre le fait que les montures étaient horribles, il se trouvait plongé dans le brouillard dès qu’il les chaussait. Quelques semaines plus tard, il retourna consulter le même médecin qui lui refit une ordonnance après un nouvel examen. En comparant les deux prescriptions, Patou se rendit compte que les verres recommandés n’avaient pas la même correction. Miracle, cette fois il pu se remettre à lire! Mais uniquement en cellule, les montures n’étant toujours pas à son goût.

Pendant une semaine, il maudit le praticien qui, pour une raison inconnue, s’était trompé lors de la première consultation. Pourtant, s’il avait été incarcéré dans une prison de province, il n’aurait jamais eu le possibilité de consulter un ophtalmo. A Koh Samui par exemple, pas de médecin pénitentiaire. On n’envoie les tuberculeux et les malades du sida à l’hôpital de la prison de Surat Thani que pour y mourir...
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Re: La prison en Thaïlande, un mauvais plan !!! (déjà publié)

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Malaise

Il est 16 heures, les détenus regagnent leurs cages. Une fois les portes verrouillées, chacun tue le temps comme il le peut : lecture, jeux, télévision, sieste, repas. Comme souvent, Noi s’en contrefout. Il a réussi à trouver de quoi passer une bonne soirée: de petits «smarties» de toutes les couleurs l’emmèneront droit vers les paradis artificiels. Il est raide «stone».

Vers 20h, son voisin de chambre réalise que Noi n’est pas si bien que ça: respiration difficile, impossible de le sortir des bras de Morphée. Les 24 «locataires» de la cage font ce qu’ils peuvent -eau, gifles - pour le ramener à la vie. Le surveillant de garde est alerté par des cris relayés de cellule en cellule. Plus personne ne dort, les paris vont bon train: est-il mort, agonisant, malade? Et puis Noi entrouvre un œil… Le calme revient. Une demi-heure plus tard, il sombre de nouveau. Les cris reprennent: plus désespérés, plus pressants. «Die leo»: mort annoncée. Dans ce cas, il n’y a plus d’urgence.
Au bout d’une heure, les surveillants arrivent mais ils n’ouvrent pas la cage («règlement!»); les occupants de la cellule doivent passer la nuit avec le cadavre. Encore un fantôme qui hantera les murs de Klong Prem. La police ne récupèrera le corps que tard le lendemain.

«Cela devait arriver, Noi était un habitué!», déclarent la plupart de ses codétenus lors de leur interrogatoire. Selon les rumeurs, il aurait ingurgité une soixantaine de gélules. Moralité: diabétiques, cardiaques et toxicomanes, ne faîtes pas vos malaises la nuit si vous n’êtes pas suicidaires… Seule consolation, la famille est venue récupérer son corps: Noi demeure maintenant parmi les siens.
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Re: La prison en Thaïlande, un mauvais plan !!! (déjà publié)

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Si j’avais su j’aurais pas venu !

Si jamais vous êtes de ceux qui vivent en marge de la société, prudence… Car votre mode de vie serait radicalement bouleversé par un séjour dans une des «monkey house» du royaume.

Sur le plan alimentaire, il vous faudrait renoncer au «croissant, pain au chocolat» et vous faire à l’idée du riz à tous les repas. Ne pas être trop regardant aussi sur la qualité du service et surtout sur l’hygiène (la pêche du jour se résume souvent à des poissons attrapés dans une mare d’eau croupissante). L’argent n’y ferait rien: toujours pas de steak ou de baguette à portée de main.

Bien sûr, il vous faudrait renoncer aux câlins de votre douce et tendre. Mais cette solitude serait vite compenser par la vingtaine
«d’amis» avec lesquels vous partageriez votre «cage». Contrôler vos intestins deviendrait un impératif: chaque cage dispose d’une seule toilette, l’eau y est occasionnelle. Une simple natte vous procurerait tout le confort pour la nuit.

Il pourrait être nécessaire de vous assurer que vous êtes en bonne santé avant de vous retrouver menottes aux poignets. Dans le cas contraire, vous auriez plus de chance de repartir “les pieds devant”.

Moralité: si vous êtes bisexuel ou “gay”, anglophone ou parlant “thaï”, riche et adepte des arts martiaux, doté d’un grand sens de l’humour ou d’une patience infinie, votre séjour ici sera beaucoup moins pénible.
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Re: La prison en Thaïlande, un mauvais plan !!! (déjà publié)

Message par dreamman »

Ne rêvons pas...

l y a quelques mois, un nouveau directeur a pris ses fonctions. A son arrivée, il a réuni les étrangers de Klong Prem. Il s’est présenté, a souligné sa volonté de dialogue et a proposé de rencontrer régulièrement les délégués carcéraux pour discuter des améliorations possibles dans la vie quotidienne.

Il avait notamment en projet de regrouper tous les étrangers dans un même bâtiment. Beaucoup de détenus étant installés depuis longtemps, l’idée n’a pas séduit grand monde et ne s’est finalement pas réalisée.

Tout a continué comme avant pendant quelques mois puis, peu à peu, un constat à pris forme. A toutes les requêtes posées par les délégués (plus de choix dans les produits cantinables, autorisation des radios et lecteurs MP3, cours d’informatique, etc.), la même réponse revenait inlassablement: «j’étudie la chose».

Et un beau jour, en se rendant au parloir, nous avons eu la surprise de découvrir le premier changement notable depuis cette fameuse réunion. Un double grillage séparant visiteurs et visités avait été installé, empêchant tout échange visuel avec son vis-à-vis.
Un peu plus tard, il a été annoncé que les colis ne parviendraient plus librement et qu’il faudrait désormais faire viser la liste des «biens» envoyés avant de les poster. Raisons de sécurité nous a-t-on dit. Peut-être, mais cette nouvelle organisation n’a fait qu’alourdir les démarches et les plus pessimistes prévoyaient que bientôt, les colis ne seraient plus autorisés. L’attente ne fut pas longue.

Quelques semaines plus tard, des stupéfiants étaient trouvés dans un colis marquant l’interdiction définitive des envois postaux. (Mais rassurons-nous, ya baa et autres substances circulent toujours en masse et les gardiens acceptent sans problème de faire «vos courses», - médicaments, nourriture... contre rémunération. Lorsqu’on est riche, il y a toujours «moyen de moyenner».
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Y’a pas de mal à se faire du bien !

En cette fin de semaine, comme de coutume, Noi s’est chargé de trouver un lecteur MP4 et s’est débrouillé pour l’introduire dans la cellule. Ce week-end encore, les amateurs du «porno du samedi soir» ne seront pas déçus.

Ces petits bijoux de technologie sont théoriquement interdits derrière les barreaux (tout comme les ordinateurs et téléphones portables) mais contre rémunération, les gardiens les introduisent. Tout un chacun ici est informé de leur existence et le plus souvent les autorités ferment les yeux. Il faut être bien maladroit ou inconscient pour se faire prendre, auquel cas la sanction prévue est légère: confiscation de l’appareil et séjour d’un à deux mois au cachot.

Donc, sitôt que les matons ont tourné le dos, les amateurs munis du précieux lecteur se rendent aux toilettes, tirent le rideau, se rincent l’œil et se masturbent. Il faut faire vite car les suivants se pressent au portillon. Et le défilé se poursuit jusqu’à tard dans la soirée. Le week-end n’est en fait redouté que par les détenus ayant des problèmes de prostate. Et ne parlons pas du malheureux atteint de dysenterie ce jour-là qui aura bien du mal à se ménager un accès à l’unique toilette de la cage…

Bien entendu, l’accès à cet appareil n’est pas gratuit. Noi a pris quelques risques, il en est le responsable, alors chaque amateur lui verse une petite somme. Il ne s’enrichira pas pour autant mais pourra grâce à ce «service» payer ses cigarettes.
Cet épisode n’est qu’une réponse partielle à la question «Quid de la sexualité derrière les hauts murs?». Ici et dans la plupart des prisons de province, les katoeys (travestis) ne manquent pas de faire commerce de leurs charmes et de s’offrir quelques virées avec les autres détenus. C’est ainsi qu’à Koh Samui, les toilettes et une cabine de douche munie de portes voyaient ces «dames» offrir fellations et plus si affinité pour quelques paquets de cigarettes. «A Pattaya, les détenus âgés de plus de 50 ans pouvaient partager leur cage avec des “ladyboys”, me confiait mon ami Manfred. C’était la fête tous les soirs.»

En dehors de «l’amour tarifié», le coup de foudre frappe parfois même en ces lieux et dans la journée, il arrive souvent de croiser deux grands gaillards, main dans la main. La nuit, quand une envie d’uriner vous fait vous rendre aux toilettes, vous ne pouvez ignorer les couples qui s’agatent frénétiquement sous leurs couvertures. Ici plus qu’ailleurs semble-t-il, l’homosexualité est latente. Faute de grives... on se satisfait de merles.

Enfin, que dire des viols qui surviennent parfois? Il s’agit dans la plupart des cas de quelques individus qui feront usage de violence pour sodomiser leurs victimes. Et si la malheureuse proie a le courage de dénoncer ses tourmenteurs, ils seront sévèrement punis. Mais c’est la loi du silence qui règne le plus souvent...
Quant à l’hygiène, je ne l’évoquerai pas. Les relations sont le plus souvent non protégées et les services de santé ont assez à faire avec les tuberculeux. Prévention du sida ou de l’hépatite sont loin d’être à l’ordre du jour.
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Re: La prison en Thaïlande, un mauvais plan !!! (déjà publié)

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Pas de fumette, mais…

La lutte contre les drogues en tout genre est une priorité des différents gouvernements du Royaume. Ici aussi. C’est sans doute pour cela que les détenus ne sont plus autorisés à recevoir des colis, car il était aisé d’y dissimuler des stupéfiants.
Cependant, et les nombreux amateurs de paradis artificiels s’en réjouissent, depuis quelques mois, les drogues dites dures sont à nouveau disponibles. Sachant que les parloirs (grillages, hygiaphones) ne permettent pas de contact entre détenus et visiteurs…je laisse le soin au lecteur de découvrir comment ces produits franchissent murs et grilles. Un indice, comparez le salaire officiel des gardiens et leur niveau de vie. Mais chut, ne soyons pas médisants.
Toujours est-il que les « Joyeux Samouraïs », le gang local, contrôlent ce business, ils « offrent » héroïne, yaabaas et ice aux amateurs. L’organisation est rodée, pas de bavure jusqu'à présent. L’argent est échangé contre les produits, centralisé, les pots de vin payés où ils doivent l’être. L’activité a créé des petits métiers (comptables, encaisseurs, pushers) et jusqu’alors, tout est bien dans le « meilleur » des mondes.
Malgré les prix élevés, les amateurs sont légion et il n’est plus rare de voir des petits groupes occupés à fumer ou à se faire des trous dans les veines.
L’organisation est sérieuse (sans doute la crainte qu’inspire le gang) et il faut bien reconnaitre que jusqu'à ce jour, les drames ont été évités, pas de braquage, pas d’assassinat de mauvais payeurs (bon il y a bien eu quelques coups de couteau ou des bouteilles fracassées sur quelques cranes…mais pas plus qu’en temps normal.
Nombreux sont ceux ici qui vont même jusqu’à regretter que ces commerçants n’aient pas pensé à inclure la Marijuana dans leur offre, comme le dit Lek, récemment transféré de Nakhen Si Tamanat, « dans les prisons du sud, la cigarette qui fait rire n’est pas rare ». Mais ici nous sommes à Bangkok et on fait du business sérieux et il est sans doute plus facile et certainement plus rentable de « dealer » crack et amphétamines.
Le seul problème est que dernièrement les medias, la police, les autorités ont eu vent de cet état de fait. Alors, depuis quelques jours, les pontes de Klong Prem (contraints et forcés ?) ont organisé une grande opération de nettoyage. Sans doute les forces de polices ont-elles été « invitées ». Et donc les bâtiments ont été fouilles consciencieusement, sans grands résultats tout d’abord, il faut dire que tout était si bien planifié que tout un chacun était prévenu sinon de l’heure en tout cas du jour de l’opération. Cette opération à grand spectacle à permis de confisquer quelques couteaux, un peu d’argent liquide mal caché mais rien de plus.
Après cette « alerte », retour à la normale, les toxicos ont recommencé à partager seringues et « pipes » …Et les dealers et leurs passeurs occultes à compter leur argent.
Toutefois il semble que tout récemment une quantité relativement importante de stupéfiants ait été découverte dans un des bâtiments, ce qui n’empêche pas les « deals » de se poursuivre dans les autres.
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Re: La prison en Thaïlande, un mauvais plan !!! (déjà publié)

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Enfin libre !!!

Non je n’ai pas retrouvé la liberté, mais pourtant ce matin, je “vole”, bondis, cours et un sourire immense aux lèvres je regagne le bâtiment. C’est qu’aujourd’hui on m’a enlevé les fers. Car ici, dès que vous encourez une peine importante, on vous offre de jolis et lourds bracelets de cheville reliés entre eux par une chaîne d’une soixantaine de centimètres. Mon statut de farang m’a permis d’éviter le port de ces bijoux jusqu’à mon jugement. Mais une fois condamné (25 ans) plus moyen d’y échapper. Et c’est la mort dans l’âme que je suis me suis assis près de l’archaïque (mais ingénieuse) machine à « ferrer ». Et c’est plus lourd de quelques kilos de ferraille rouillée que j’ai rejoint mes compagnons d’infortune.

Et la vie a changé, tout, marcher, se vêtir, se doucher, dormir, devient plus compliqué (je laisse le soin au lecteur de trouver comment enfiler un short avec des chaînes… c’est simple… je vous fournirai la solution le mois prochain si besoin est). Adieu également les parties de football ou le jogging quotidien.
De nouvelles contraintes apparaissent, d’abord il faut briquer et garder propres ces bijoux (car le frottement du métal irrite les chevilles et des fers rouillés favorisent l’infection, alors on passe de longs moments à briquer, sécher les chaînes). On se soucie également de la météo car par temps de pluie les chaînes s’oxydent rapidement.

Je n’ai en tout et pour tout dû garder ces chaînes qu’un peu plus de 2 mois max, de prison en prison (Surathani, Nakhon Si Thammarat, Bangkok), je suis devenu incollable sur le sujet. Poids, taille et j’ai découvert que dans certains établissements, on assujettit les anneaux autour des chevilles à grands coups de masse. Mais rassurez-vous, « le forgeron » est un expert, et à ma connaissance, la dernière cheville fracturée remonte à quelques années.

C’est lors de mon transfert à Bangkok que j’ai découvert que pour raison de « sécurité », on ne se contentait pas de sertir les anneaux, on les soude (mais dans ce cas on vous protège les tibias avec des journaux et du carton avant l’opération pour éviter les brûlures).

Comme vous pouvez l’imaginer, ces « temps forts » (sertissage, soudure) sont des moments inoubliables et un dernier frisson m’a parcouru l’échine quand ici à Klong Prem le préposé s’est excusé de devoir utiliser un burin et un marteau pour venir à bout des soudures.

Là encore tout s’est bien passé, mes tibias intacts, une bouteille de bétadine et du coton hydrophile à la main, je cours, je vole vers le bâtiment. Je suis presque libre… Il me restera à soigner les plaies occasionnées par les frottements des fers et à essayer d’éviter embrouilles et problèmes… car une des habitudes des autorités est de « ferrer » les fortes têtes.
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Songkran... inoubliable

Mon ami P, ressortissant népalais incarcéré depuis plus de dix ans est « Blue Shirt », c'est-à-dire qu'il fait partie des détenus de confiance à qui les gardiens délèguent une partie de leurs tâches. Ils jouissent en échange de quelques privilèges. Entre autres, ils réintègrent leur cage plus tard que les autres détenus.

Le jour du nouvel an thaï, quelques-uns de ses « collègues » ont décidé de fêter l'événement dignement. Ils se sont saisis de mon copain et l'on jeté dans une mare d'eau croupie et nauséabonde, qui fait office de bac de pisciculture. Farce de joyeux potaches, et tout aurait dû se terminer dans un grand éclat de rire, si P n'avait eu la malencontreuse idée de mal retomber et de se blesser au bras droit.

Tordu de douleur, il n'a dû qu'à l'intervention énergique d'un surveillant qu'il connaît depuis des années se pouvoir se rendre le jour-même à l'hôpital pénitentiaire voisin. A son arrivée, les lieux étaient pratiquement déserts, pas de médecin, pas de radiologue (congé de nouvel an oblige), alors on lui a bandé le bras, remis quelques analgésiques et renvoyé dans son bâtiment en lui fixant un rendez-vous trois jours plus tard.

Il a serré les dents, souffert, peu dormi et le lundi matin tant attendu s'est présenté à la consultation. Le radiologue a diagnostiqué une fracture, on lui a refait le pansement, redonné une poignée de cachets en lui indiquant que le docteur spécialiste ne consultait que le jeudi, il lui fallait donc patienter trois jours supplémentaires.

C'est avec « le moral dans les chaussettes », et quelques nuits blanches passées à souffrir qu'il a enfin rencontré « l'homme de l'art ». Celui-ci s'est contenté d'examiner la radiographie, jugeant inutile d'examiner le membre blessé, pour lui indiquer que les os se ressouderaient après six semaines au minimum mais que la douleur devrait diminuer dans les quinze jours. Et le spécialiste l'a renvoyé muni de cachets de calcium, et a malheureusement omis de prescrire de nouveaux analgésiques.

P tente de se consoler en passant ses nuits blanches à tenter de déchiffrer les messages dont « ses amis blue shirts » ont décoré son nouveau plâtre. Je ne suis pas sûr qu'il emportera ledit plâtre en souvenir lors de sa libération.
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