Photo, Khaosod
Le gouvernement du Premier ministre Srettha Thavisin, issu du parti populiste Pheu Thai , a promis de distribuer 10.000 baths (260 euros) à 50 millions de citoyens thaïlandais âgés de 16 ans au minimum. Cet argent devrait être distribué en mai prochain par le biais d'un portefeuille électronique sécurisé par la blockchain. Les habitants auront six mois pour dépenser, par le biais d'une application dédiée, leur portefeuille dans une zone géographique limitée autour de leur domicile. Le système doit permettre d'orienter les dépenses et d'interdire notamment les achats d'alcool, de tabac, de cannabis ou encore de diamants et d'or.
Un coup de pouce limité
Le gouvernement affirme que ces versements, qui coûteront plus de 13 milliards d'euros à l'Etat, pourraient doper de près de 3 % le PIB en 2024. Une estimation que réfutent la quasi-totalité des économistes du pays. Le think tank TTB Analytics anticipe une poussée limitée à 0,5 %, en même temps qu'une nouvelle dégradation du taux d'endettement du royaume.
La dette publique équivaut actuellement à 62 % du PIB, mais pourrait atteindre 70 % avant la fin de la décennie. « Surtout, cette dette pour financer le portefeuille électronique ne peut pas être considérée comme productive car elle n'est pas consacrée à de l'investissement, mais seulement à de la consommation », explique Wannaphong Durongkaveroj, professeur d'économie à la Ramkhamhaeng University, qui aurait préféré voir ces fonds publics s'orienter vers des politiques sociales beaucoup plus urgentes . « Je crois que ce portefeuille électronique n'est pas motivé par un besoin de relancer l'économie. C'est plutôt un moyen de séduire les Thaïlandais en leur donnant l'impression que tout le monde va en profiter », regrette l'expert.
Yann Rousseau (Correspondant à Tokyo)
Article original et suite, https://www.lesechos.fr/monde/asie-paci ... is-2030425
