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Discours "spontanément improvisé" (sic) à Pattaya de M. Gildas Le Lidec, ambassadeur de France à Bangkok

Source: http://thailande-fauxreveur.blog4ever.c … taya_.html blog de Raymond Vergé via http://www.franco-thai.com/news

Chers amis, bonsoir!

Cela fait exactement un mois et demi que j’ai rejoint mon poste d’ambassadeur en Thaïlande. Il y a quatre jours à peine, j’ai présenté mes lettres de créance au prince héritier, puisque ce n’est plus le Roi lui-même qui les reçoit.

Et j’ai tenu absolument à ce que ma première sortie hors de Bangkok soit pour Pattaya, parce que c’est ici que la communauté française est la plus importante: vous êtes près de 2000 compatriotes à y vivre en permanence.

J’ai une pensée amicale pour tous les autres Français résidents qui ne sont pas avec nous ce soir. Il est évident, pour moi, que le rôle d’un ambassadeur est non seulement de faire avancer les relations bilatérales entre deux pays mais aussi de s’occuper, de protéger, d’aider et de promouvoir la communauté française qui est l’élément moteur de cette relation binationale.

Les rapports entre États ne se font pas uniquement par la diplomatie, par l’échange de télégrammes ou de dépêches, cela passe aussi et surtout par la vie de tous les jours, par les efforts quotidiens faits par nos concitoyens (parfois dans des conditions difficiles).

J’irai même jusqu’à dire que c’est «la chair autour de l’os» (la vraie substance humaine) et c’est cela qui fortifie vraiment une relation diplomatique saine et durable.

Cela veut dire qu’il faut bien sûr à cette communauté française toutes les conditions nécessaires à un séjour d’abord sécurisé, et où nos concitoyens pourront bénéficier des services qui peuvent leur être offerts, et je pense à l’une des premières de ces conditions: la scolarisation de leurs enfants.

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles je suis ici. Je sais que vous avez eu ces derniers mois des problèmes entre écoles (heureusement résolus depuis). Je tenais à me pencher personnellement et directement sur la question pour renforcer encore le rapprochement des deux établissements.

Au passage, je voudrais aussi vous dire que je ne suis pas seul: je ne m’aventure jamais loin de ma tanière sans être entouré de gens qui peuvent m’aider.

Je suis donc accompagné par Philippe Liège, qui est le conseiller culturel, le COCAC dans notre jargon (COnseiller de Coopération et d’Action Culturelle),

ainsi que Sophie Renaud qui est notre consule et que vous avez déjà rencontrée car elle vient régulièrement ici (elle a une grande affection pour les Français de Pattaya),

et Olivier Andretti qui est pour l’instant le Nº2 de la Mission économique mais qui va devenir, au 1er septembre prochain, le patron d’Ubifrance, c’est-à-dire l’antenne gouvernementale qui accueillera toutes les entreprises françaises venant s’installer en Thaïlande.

Et puis je n’ai pas besoin de vous présenter le consul honoraire d’Autriche, Rudolf Hofer, qui représente nos intérêts ici à Pattaya.

Sans oublier (où avais-je la tête ?!) ma femme Christiane, qui m’a toujours accompagné partout depuis 38 ans, souvent dans des conditions qui n’étaient pas toujours aussi aisées et faciles que celles dont nous bénéficions ce soir.

Ce matin nous avons eu la chance et le privilège extraordinaire de pouvoir visiter l’usine Michelin (Laem Chabang, à 30km d’ici), ce qui nous a permis d’observer le rôle très important qu’une grande entreprise française pouvait jouer dans les relations entre deux pays, et de constater tout l’apport technologique qui pouvait être mis au crédit de la France.

Cet après-midi, nous avons visité l’École francophone de Pattaya

nous irons à l’École française de Chonburi-Rayong [EFCR] demain matin.

Dans la foulée, nous rencontrerons le comité du Club Ensemble et nous allons nous entretenir demain également avec beaucoup d’entre vous pour voir un petit peu comment préparer l’avenir.

Ma femme me demande de préciser que, bien évidemment, nous avons vu également le maire de Pattaya, avec lequel nous avons eu un échange tout à fait chaleureux et intéressant et à qui j’ai rappelé toute la protection qu’il devait à nos concitoyens et à qui j’ai assuré du respect que nos concitoyens ont naturellement vis-à-vis des lois locales.

Voilà un petit peu l’objet de cette première prise de contact. Je sais que Bangkok est à la fois loin dans votre esprit mais pas trop éloigné sur le plan géographique.

Alors vous vous demandez parfois pourquoi les « gens » de Bangkok ne viennent pas vous voir plus souvent: sachez maintenant que pour nous, Pattaya est un endroit extrêmement important et nous y porterons une grande attention. Nous veillerons à ce que tous les problèmes puissent être résolus dans les meilleurs délais.

Bon, je vais arrêter là parce je ne suis pas un homme politique qui fait des promesses électorales, je ne suis qu’un fonctionnaire venu simplement pour vous écouter, car ce qui m’intéressait avant tout, c’est de connaître la réalité de Pattaya et de voir un petit peu comment les choses se déroulent.

Je dois vous avouer que je suis un peu ému car, avec ma femme, nous avions séjourné à Pattaya, il y a 31 ans. A l’époque, il fallait 4 heures à peu près pour faire le trajet de Bangkok. Vous vous en doutez, la ville était beaucoup moins développée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Il y avait un hôtel dont j’ai oublié le nom, peut-être que quelques anciens d’entre vous pourront me le dire? Je me souviens, il y avait un bateau dans le jardin.

Ah oui (quelqu’un me le souffle), c’était le Nipa Lodge. Ce fut la première fois que nous avons mangé des crevettes flambées au Ricard et c’était absolument délicieux!

Et je voudrais ajouter une chose: nous avons (ma femme et moi) une petite connaissance de la zone puisque nous avons passé en tout 11 ans dans le Sud-Est asiatique: d’abord à Manille en tant que Nº2, à Hanoi [aussi] en tant que Nº2, et puis j’ai eu l’honneur de représenter la France au Cambodge de 1994 à 1998. Alors, la Thaïlande, Bangkok, Pattaya et d’autres endroits ont toujours été notre base arrière, à la fois pour le shopping, pour le resting et pour le fun.

Voilà, merci à tous d’être venus et puis ce que je vous propose, c’est que nous puissions ce soir passer autant de temps que possible à échanger et à dialoguer.

Pour finir, je voudrais dire un mot particulier au Père Gorrissen, parce que je suis particulièrement touché de l’avoir aujourd’hui parmi nous, à 94 ans. Voilà une accointance que nous revoyons, ma femme et moi, 33 ans après. Nous nous sommes connus à Manille, je devais avoir 26 ans, j’étais un jeune Nº2 et le Père Gorrissen s’occupait des enfants des rues, des jeunes prostituées et des apatrides en grande précarité.

Mon épouse Christiane s’y était également dévouée, car nous étions en pleine période des boat-people et certains se souviendront peut-être, on avait accueilli le Tung-Han, un bateau qui venait du Vietnam. Ce fut l’une de nos plus grandes joies (ma femme et moi) sur le plan humain et professionnel. Il y avait 3 200 Vietnamiens à bord de ce bateau et les autorités philippines n’en voulaient pas. Ils allaient être repoussés à la mer, ils n’avaient plus de vivres, plus rien et ces pauvres gens allaient certainement mourir.

Nous avons envoyé un télégramme à Paris pour plaider leur cause, afin qu’on puisse les recevoir. Nous avons attendu de longues journées, et, je m’en souviendrai toute ma vie, un matin vers 4h, le chiffreur m’a appelé et m’a dit: « Il y a un télégramme qui va vous faire plaisir ». C’était la réponse du gouvernement français qui nous autorisait à accueillir ces réfugiés.

Intervention du Père Gorrissen: Vous vous souvenez que Mme Imelda Marcos ne pouvait sentir les Vietnamiens. Elle les considérait comme des ennemis. Mais le jour où l’ONU a promis d’avancer de l’argent à tous les pays qui les aideraient, alors elle a dit qu’ils étaient ses frères!

Réaction de M. Le Lidec: Merci mon Père, je vois que vous avez gardé toute votre vitalité.

Bien, je vous souhaite une très bonne soirée. Ce n’est qu’une première prise de contact et je suis sûr que nous aurons beaucoup d’occasions de nous revoir, soit à Pattaya où bien évidemment je reviendrai le plus souvent possible, soit à Bangkok où vous serez les bienvenus.

dreamman

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