BANGKOK – L’aéroport international de Bangkok, bloqué fin 2008 par des manifestants, a dévoilé mercredi un dispositif de sécurité au cas où les « chemises rouges » pro-Thaksin, qui doivent se rassembler ce week-end, devaient tenter de perturber ses activités.
« Il y a des inquiétudes sur le fait que les voyages des passagers pourraient être perturbés », ont indiqué les autorités de l’aéroport Suvarnabhumi dans un communiqué.
Le plan « qui a été testé à la fin de l’année dernière comprend des façons de sécuriser les passagers et leurs biens, et de faciliter leur accès vers et depuis l’aéroport », ont-elles ajouté.
Les organisateurs de la manifestation des « rouges », partisans de l’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, promettent 600.000 personnes à Bangkok dimanche.
Le gouvernement, qui prévoit 100.000 manifestants, a adopté une loi de sécurité exceptionnelle qui confie à l’armée la direction des opérations de maintien de l’ordre.
L’aéroport avait été fermé pendant neuf jours fin 2008 par les « chemises jaunes » royalistes, qui voulaient renverser le gouvernement pro-Thaksin de l’époque, perturbant énormément l’industrie touristique thaïlandaise.
Mercredi, le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a présidé une réunion avec son gouvernement, les cadres de l’armée et les responsables de la sécurité. « Les services de renseignements montrent qu’il y aura du sabotage », a-t-il expliqué aux journalistes. « Le public n’a pas besoin de paniquer mais s’il vous plaît, soyez prudents ».
« Le gouvernement essaye de provoquer la peur en répétant qu’il y aura des bombes ici ou là. C’est une façon de terrifier les manifestants pour les dissuader de venir », a répondu Nattawut Saikuar, un des cadres des « rouges », affirmant ne prévoir ni violence, ni occupation de bâtiments.
Le pays est encore traumatisé par les manifestations des « rouges » en avril 2009, au cours desquelles deux personnes avaient été tuées. Au moins 30.000 soldats et policiers doivent être déployés ainsi qu’un nombre encore imprécis de civils volontaires.
Mercredi, Thaksin a envoyé un SMS à ses partisans pour les inviter à manifester. « Venez vous rassembler pour rétablir notre démocratie perdue et la justice pour les futures générations de Thaïlandais », a-t-il écrit aux abonnés d’un réseau gratuit qui lui est réservé.
L’ex-chef du gouvernement (2001-2006) et magnat des télécommunications a été jugé coupable d’abus de pouvoir et de conflits d’intérêts il y a deux semaines. Plus de la moitié de sa fortune a été saisie, soit 1,4 milliard de dollars.
La Banque centrale thaïlandaise a maintenu ses taux d’intérêts mercredi, en prenant en compte notamment « les facteurs intérieurs de risques qui peuvent toucher les consommateurs et la confiance des investisseurs ».
Et la Bourse de Bangkok a indiqué avoir tout préparé pour que ses activités ne soient pas interrompues, appelant les investisseurs à « vérifier la fiabilité de leurs sources » afin de ne pas sombrer dans la panique.
Le pays reste profondément divisé entre les masses rurales du nord et du nord-est pro-Thaksin, et les élites traditionnelles de Bangkok – militaires, bureaucrates et palais royal – qui dénoncent son affairisme et le danger qu’il représente, selon eux, contre la monarchie.
(©AFP / 10 mars 2010 12h55)